Groupement d'auteurs : Nos métiers sont-ils praticables sans amour : Résumé de l'année 2014-2015

 

   

Au cours de cette première année de séminaire nous avons pu mettre en place cinq séances dans différentes villes du Sud-Est : Lyon, Grenoble, Chambéry, Gap, et Marseille. Nous avons très rapidement pu constater à quel point ce séminaire répondait à une demande des professionnels.

Dès la seconde séance nous avons du passer la limite supérieure des participants de vingt à vingt-cinq. Nous avons également eu le plaisir à chaque fois de faire le constat d’une présence toujours très variée, de travailleurs sociaux de terrain, de cadres, de directeurs, de psychologues, de formateurs, de psychiatres, de psychanalystes, etc.
     Lors de chaque séance nous avons eu deux interventions qui ont été longuement discutées : Elisabeth La Selve et Jean-Luc de Saint-Just à Lyon puis à Marseille, Maria Rougeon et Philippe Candiago à Grenoble, Françoise Rey et Noureddine Hamama à Chambéry, Thierry Delacruz-Rueda et Olivier Coron à Gap. De façon très succincte nous vous proposons un résumé de ce qui semble constituer les grandes lignesde ces interventions et des échanges nourris qui les ont suivies.
     Dès la première séance à Lyon nous avons voulu inscrire ce séminaire, au-delà de ceux de Freud, sous l’égide de trois textes : celui du Banquet de Platon dont notre séminaire n’est pas qu’un emprunt de nom, des conférences de Charles Melman et de Marcel Gauchet « La maladie d’amour », et du séminaire mis au travail pour aout 2015 « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre ». Ces références sont une façon de concrètement marquer l’inscription de nos travaux au cœur de ceux de notre association, dans la filiation à Freud, Lacan et Charles Melman.
      En tentant de poser le problème de l’amour à Lyon nous avons tiré leçon de ce que martèle Charles Melman dans ses conférences, qu’il n’y a d’amour que dl’Un. Et que cet amour est à la fois, c’est le problème mis en évidence par Freud, pas seulement le principal, mais le seul levier de nos pratiques, comme dans le même temps son plus évident obstacle, voire assez souvent ce qui constitue une impasse. Nous avons examiné au cours de cette séance comment s’actualise cette question dans le discours professionnel actuel où préside un amour de l’amour, du Un, du bien, qui fait le plus souvent fit de l’autre, de l’altérité dans la clinique. Cette dimension ambivalente de l’amour à la fois levier et obstacle, passe et impasse, ne va pas cesser d’être mise au travail au cours de nos séances, puisque ni les discours institutionnels qui l’idéalisent en le niant, ni la psychanalyse, ne sont parvenus à réaliser le vœu de Freud qui consistait à s’en affranchir.
      A Grenoble nous avons donné suite à ce travail d’articulation en reprenant de façon plus précise certaines questions comme celles du rapport à l’amour pour les hommes et les femmes, des relations amoureuses des personnes accueillies ou accompagnées, comme de la prise en compte de l’amour dans les pratiques professionnelles par les idéologies et procédures administratives et institutionnelles. En récusant de prendre en compte l’amour comme modalité de compensation de ce que Lacan nomme « non rapport sexuel », ces discours méconnaissent non seulement la structure en tant que fondamentalement dysharmonique, mais méconnaissent également qu’ils se constituent eux-mêmes en tant que modalité de défense, refus de savoir en idéalisant une harmonie imaginaire, y compris procédurale. Des questions se posent également quant à l’effet de l’utilisation du signifiant « amour » sur nos travaux. Cela sera repris ensuite… particulièrement à Gap.
      Lors de la séance de Chambéry nous allons poser à nouveau la question de l’altérité, de la distinction entre altérité et étranger, mais aussi la question de l’amour et du transfert dans l’enseignement de Lacan. Cela nous amènera à faire des distinctions que nous mettrons au travail en nous référant à ses différents séminaires qui, selon les époques, témoignent de l’évolution du discours sur l’amour, sur les amours. Lacan comme Freud ne faisaient pas de promotion de l’amour en tant qu’illusion imaginaire, pas plus que de semblant symbolique, mais à la fin de son enseignement il semblerait que Lacan ait plutôt tenté, si ce n’est de s’en amender, d’envisager de nouvelles coordonnées à l’amour, en allant jusqu’à reprendre, pour leur donner une dimension plus réelle, des écritures anciennes comme celle de « la mourre ».
     Ces séances furent également émaillées de nombreuses vignettes cliniques et institutionnelles venant illustrer et/ou questionner nos travaux d’élaboration. A Gap, parmi ces vignettes nous avons pu aborder la question de l’amour d’une façon jusque-là pas encore mise en évidence dans notre séminaire, les affres de l’amour entre professionnels. Ce fut également l’occasion de reprendre une nouvelle fois les distinctions entre l’amour et le transfert, et en nous référant à Freud d’affirmer l’importance de la prise en compte du transfert dans diverses pratiques, comme de l’ouverture que représente l’utilisation du signifiant amour dans nos élaborations, à la fois moins restrictif que le transfert, et du fait de sa dimension non conceptuelle, plus ouvert à l’inventivité, voire à la création. Puis, dans une perspective où il y aurait plusieurs amours possibles, ne serait-ce qu’à distinguer l’imaginaire, le symbolique et le réel, à cette occasion un amour raisonnable dont les coordonnées seraient à préciser, a été énoncé comme un possible praticable.
      Notre dernière séance de l’année à Marseille, nous a permis de tirer le fil de ces amours différents, distincts dans leurs coordonnées, et dans la filiation de Lacan d’envisager la façon dont le réel pourrait être pris en compte, littéralement compter dans nos pratiques. Prenant acte de la disparition massive de la référence paternelle tierce, comme de la disparition de l’amour pour le père (qui n’est pas le papa) dans de nombreux cas cliniques, c’est assez souvent directement en faisant valoir le réel en tant qu’impossible que celui-ci peut opérer comme tiers, comme troisième (cf. le nœud à trois). Ce qui était métaphorisé par l’interdit, renforcé culturellement, vient alors directement faire trou, prise en compte de la structure du « parlêtre », bord du réel, ek-sistant. Néanmoins, cela implique un travail de lecture clinique au cas par cas de lire un réel particulier, mais aussi alors d’être inventif, créatif dans le transfert, dans une pratique jamais acquise.
     Ce qui fut à chaque fois le précieux dans ces séminaires est à la fois le cheminement que nous avons suivi dans nos élaborations, mais également la richesse des échanges avec l’ensemble des participants aux différentes séances. Ce séminaire itinérant a maintenant pris place dans le Sud-Est comme lieu de rencontres, de questions, d’élaborations, entre praticiens qui se retrouvent autour d’un même réel, d’un même impossible…
     Notre cheminement nous a amené à passer de constats déjà anciens, d’analyses maintenant connues, pour envisager des perspectives, rechercher dans le fil des derniers séminaires de Lacan de « possibles praticables » qui permettraient à un réel de s’écrire.
Cependant, la question qui se pose encore est de savoir si celui-ci dépend du savoir y faire de l’un ou de l’autre selon chaque occurrence, ou si une écriture transmissible en est effectivement possible. C’est ce que nous examinerons au cours des séances de cette seconde année, afin que ce séminaire puisse réellement ouvrir, peut-être, à quelques nouveautés.

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